Elle s'en va, diffusion du 24/03/20

Arte
24/03/20 ~ 13:35 - 15:35

Son amant la quitte, alors elle s'en va à la recherche d'une cigarette… Point de départ de ce road-movie surprenant, délicieux, à la gloire de Deneuve, qui irradie… - Critique : Que ne ferait-on pas pour une cigarette ? Sur un coup de tête et une peine de cœur, Bettie quitte sa mère et son restaurant presque en faillite et, voiture arrêtée au milieu d’une nationale, elle quémande une taffe aux rares automobilistes… C’est le début d’un périple où Bettie retrouve une partie de son passé, avant d’entrevoir l’amorce d’un avenir. Emmanuelle Bercot a signé jusqu’ici des films doucereusement provocants : La Puce (la défloration d’une jeune fille) ou Clément (la passion d’une jeune femme pour un préado). La première heure d’Elle s’en va est un mélange détonant de cocasserie et de sensibilité. Les personnages fuient sans cesse ; un hasard malin semble les séparer aussi vite qu’il les avait fait se rencontrer. À la fois subtil et abrupt, le montage ­accentue cette fébrilité, cette sensation d’amarres rompues. Le scénario patine un peu par moments, mais la réalisatrice réussit joliment le passage de l’inquiétude à l’harmonie. Dans une maison où les rumeurs du monde perdent de leur importance, elle réunit ses héros épars et éparpillés. Dans un après-midi finissant, la mère de Bettie entonne une rengaine du temps passé, que chantaient les prostituées en goguette du Plaisir, de Max Ophuls. Soudain, dans cette quiétude fugace, l’improbable devient possible. Et puis il y a Deneuve, qui pleure de chagrin au volant de sa voiture. Qui hurle de rire en écoutant un jeune dragueur la draguer. Qui, entre rires et larmes, sirote une bière en racontant au veilleur de nuit d’un entrepôt de meubles la triste fin de son mari. Elle étincelle. Dans le cadre de la Journée internationale des femmes.