Doctor Sleep, diffusion du 03/10/20

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03/10/20 ~ 00:14 - 02:41

Il y a quarante ans, Dan Torrance a subi la folie de son père l'écrivain Jack Torranceà l'Overlook Hotel. Depuis, il tente de vivre une existence normale. Ces démons ressurgissent quand il rencontre Abra, courageuse adolescente aux dons extrasensoriels. La jeune fille, persuadée que Dan a les mêmes pouvoirs qu'elle, a besoin de son soutien. Elle est la cible de Rose Claque et sa tribu du Nœud Vrai qui se nourrissent de ces dons capables de donner l'immortalité. Formant un duo improbable, Dan et Abra entament une lutte sans merci contre Rose.... - Critique : C’est l’histoire d’un type qui a eu une enfance difficile, à force d’entendre des voix et de faire du vélo tout seul. Surtout, feu son père, alcoolique et cinglé, a voulu le corriger à coups de hache dans le foyer familial, un hôtel sinistre, isolé et surbooké de fantômes. Lesquels, depuis, ne cessent de revenir le tourmenter. Le pire étant une dame verdâtre, avide et fripée, qui pratique la hantise naturiste. Vous l’avez reconnu, c’est bien lui : le petit Danny Torrance de Shining, double monument culturel, écrit par Stephen King en 1977 et adapté trois ans plus tard par Stanley Kubrick. Doctor Sleep est une suite tardive : en 2013, l’écrivain s’est décidé à publier les aventures horrifiques d’un Danny adulte, traumatisé et déglingué. Si ce personnage, repêché dans les archives les plus précieuses de notre imaginaire, conserve un peu de sa magie dans le roman, il en va tout autrement dans cette adaptation flambant neuve. Doctor Sleep, le film, semble tourné et monté à la hache par Torrance père. Mike Flanagan – pourtant spécialiste des spectres, depuis l’excellente série The Haunting of Hill House – ne sait manifestement pas quoi faire de l’intrigue principale : où Dan Torrance (Ewan McGregor, très déprimé) qui a toujours le « shining » (ou le « don », en VF) vole au secours d’une gamine encore plus médium que lui, poursuivie par une bande de vampires spirites un peu gitans qui aiment bouloter l’âme des petits enfants. Transitions expédiées, héros sans substance (même Rebecca Ferguson, la méchante en chef, sorte de goule baba cool, ressemble plus à votre prof de yoga qu’à votre pire cauchemar), séquences bâclées, si lisses qu’elles n’offrent aucune prise au suspense. Encore moins à l’épouvante ou au merveilleux. Tout s’explique vers la fin (lointaine : le film dure plus de 2h30 !) de ce gâchis : en bon cinéphile, Mike Flanagan ne pensait qu’à son écrasant modèle, ne filmait que pour retourner admirer l’Overlook, le célébrissime hôtel du Shining de Kubrick. C’est là que tout se conclut, c’est là qu’on nous invite à une visite guidée, avec toutes les attractions : flots de sang, jumelles spectrales en robes bleues, moquette géométrique, et bien sûr, la chambre 237 et sa dame à poil. Un sosie de Jack Nicholson complète, entre autres, ce moment gênant, façon parc à thème. Là où, dans Ready Player One, Steven Spielberg reconstituait l’Overlook avec brio et réussissait un hommage ludique, Mike Flanagan ne parvient qu’à s’agiter dans un décor vidé de toute sa puissance. Le fantôme de Stanley Kubrick ne se laisse pas invoquer par n’importe qui.