Boutiques obscures, diffusion du 26/03/19

France 3
Dieulefit - Gannat - Cavaillon - Périgueux
26/03/19 ~ 09:20 - 10:15

Dans ce second volet, Patrice Leconte s'intéresse à d'autres boutiques à la fois pleine de charme et de mystère. A Dieulefit, dans la Drôme, il s'intéresse à un commerce singulier qui mérite que l'on s'y arrête. Dans le Vaucluse tout proche, il s'arrêt à Cavaillon et déambule non loin de la place du Clos. Il se rend aussi à Périgueux, préfecture de la Dordogne, dont il arpente les petites rues entourant la cathédrale Saint-Front. Il visite également Gannat, commune oubliée de l'Allier et située sur l'ex Nationale 209 menant à Vichy. Là, non loin des deux supérettes et des trois épiceries de la commune, il découvre une boutique d'exception. Critique : « Le passé du passéisme est un idéal à venir », écrivait le philosophe Vladimir Jankélévitch… A l’heure de la standardisation commerciale, du branding triomphant, de la duplication sans fin des mêmes enseignes sur tout le territoire, l’idée qu’a eue Patrice Leconte d’aller filmer ces « boutiques obscures » est, de ce point de vue, éminemment salutaire. En sillonnant la France, le réalisateur des Bronzés et de Ridicule a déniché seize petits commerces qui poursuivent coûte que coûte leur activité, malgré la concurrence des grandes surfaces, et qui sont autant de sanctuaires de singularité et de poésie. Des lieux de culture, aussi, où la caméra, en s’attardant sur les objets, les visages, les récits des tenanciers — la plupart d’un âge avancé —, capte la trace émouvante du temps qui passe. A Rouen, elle furète dans le capharnaüm d’un bouquiniste barbu et chevelu, au désordre soigneusement organisé. A Dieulefit, elle explore un bazar qui vend de tout… « mais pas de ratons-laveurs », précise, facétieux, le propriétaire. Dans l’Eure, elle fixe les ciseaux du « plus vieux coiffeur du monde », 95 ans, qui s’étonne chaque jour, en parcourant les nécros du journal local, de ne pas y voir son nom. Quelques traits d’humour, une pointe d’amertume, beaucoup de douceur dans cette collection de miniatures, et surtout un épais voile de tristesse, appuyée par la musique d’Etienne Perruchon. Parfois, on s’égare un peu dans l’anecdote, et on regrette que le côté portrait prenne le pas sur l’esprit des lieux. Mais sans doute est-ce pour mieux nous rappeler que ces commerces, quoique moribonds, sont infiniment plus vivants que n’importe lequel de nos supermarchés.