Au milieu de la rivière, diffusion du 08/02/21

Arte
08/02/21 ~ 02:05 - 03:55

Récemment revenu chez lui, au Nouveau-Mexique, non loin de la réserve navajo, après avoir combattu en Irak, Gabriel ne se remet pas de la mort de sa soeur jumelle, Naomi, disparue dans des circonstances non élucidées alors qu'il était mobilisé. En proie à d'incontrôlables accès de rage dus à une lésion au cerveau, traumatisé par son expérience de la guerre, il cherche à identifier celui qui, il en est sûr, a assassiné sa soeur, au sein de la communauté de laissés-pour-compte dans laquelle il a grandi, ravagée par la misère, le racisme, les addictions et la délinquance. Il tente aussi, à l'aveugle, de renouer des liens avec les siens... - Critique : Damian John Harper a suivi le chemin inverse de la plupart des cinéastes. Lui est né aux États-Unis, puis s’est installé en Europe, où il a étudié la mise en scène. Au milieu de la rivière, son deuxième long métrage tourné dans son pays natal, n’a pourtant pas plus à offrir qu’une classique quête de vengeance à l’américaine. Les représailles sont en effet l’obsession de Gabriel (Eric Hunter, aussi musclé que vulnérable), un vétéran d’Irak de retour chez les siens, au cœur d’un Nouveau-Mexique désolé et rocailleux. Il veut résoudre le meurtre non élucidé de sa sœur jumelle. Plus il s’approche de la vérité, plus sa colère et sa consommation d’analgésiques empêchent tout discernement. Le voilà comme emporté par le courant et la rivière se fait métaphore de la lutte inutile contre des problèmes structurels où se noie sa communauté : chômage, alcoolisme, crise des opioïdes, viol comme arme de guerre, pédophilie, inimitiés claniques, exclusion des minorités navajos et mexicaines, suprématisme blanc… Sur cette rivière sauvage, Damian John Harper a chargé la barque. Reste sa mise en scène, aussi démonstrative qu’efficace, qui joue sur le plan séquence anxiogène. Elle reflète cette terrible vérité : même en plein désert, on n’est jamais tranquille.